Première phase.
Je commence le traitement. Très rapidement
apparaissent des douleurs articulaires et osseuses, puis des crampes
musculaires au niveau des membres inférieurs accompagnées d'une sensation de
froid; cela dure 3 jours avant de s'atténuer, journées ou se déplacer devient
pénible, la fatigue m'oblige à faire une siestes chaque apres -midi .. Même
problème suite à l'injection du décaptyl. Bienvenue aux effets secondaires!
L'injection, parlons en ! Durant des années j'ai pratiqué des injections intra
musculaires sur des malades sans en avoir fait l'expérience sur moi même. J'ai
vu les grimaces des patients suivant le type de produit injecté, aujourd'hui
cela va être mon tour. Je fais appel à une infirmière libérale pour préserver
ma compagne, elle est déjà bien assez impliquée dans ma maladie. L'infirmière
se présente à mon domicile, prépare le produit, j'ai déjà repéré le diamètre de
l'aiguille et sait donc que le produit va être délicat à injecter car surement
gras. Nous engageons la conversation, Elle confirme mes craintes. Le hasard
fait bien les choses, elle capte mon attention en parlant de son métier, nous
avons pratiqués dans les mêmes lieux, côtoyé les mêmes personnes, sans jamais
nous rencontrer, étrange, l'aiguille est dans ma fesse, même pas mal! Nous nous
donnons rendez-vous dans 12 semaines.Cela fait trois semaines que je suis dans l'attente, tout me semble être presque retourné à la normale. Mon esprit c'est posé, la réflexion prenant le pas sur la peur. Les nuits sont plus sereines. Je ne me lève plus pour des envies pressentes, là aussi retour à la normale, je n'aurais jamais pensé qu'un jour, je serais aussi heureux d'uriner normalement! cet acte si banal mais tellement important!
Les fêtes se sont déroulées en famille, entouré de mes filles, ma compagne, les gens que j'aime.
Est-ce la dernière fois, la question me taraude...
Nous sommes en janvier, le rendez-vous avec l'oncologue
s'approche, et la pression monte en moi. Je vais attaquer la radiothérapie,
comment vais je négocier cela?
C'est le vendredi 8 janvier, je me sens fébrile, le rv est à
16 heures. Cela se passe à Bordeaux nord; la troisième clinique que je visite
en un peu plus d'un mois. Un homme se présente comme l''oncologue, il est
rassurant. Je pénètre dans son bureau, toujours accompagné de ma compagne. La
discussion s'engage; je sens qu'il avance prudemment dans son questionnement.
Je suis nerveux. " Monsieur, il va y avoir un changement de programme.
Votre cancer est très agressif... Nous allons prolonger l'hormonothérapie orale
de 3 mois, et rapidement engager une chimiothérapie. ..si vous êtes d'accord".
C'est sympa, il me laisse le choix: tu ne fais rien, tu meurs, tu suis mes
propositions, tu meurs peut-être , ou
pas!. Le choix-bénéfice risque est vite vu, je suis preneur de tout ce que vous
voulez; sans vous c'est terminé. Donc, nous allons lutter. Le "nous"
c'est lui, son équipe et moi, car il n'est pas question de rester spectateur,
c'est MON cancer, même si je ne suis pas favori dans cette course pour la vie,
je ne vais pas lui faciliter la tâche a cet alien!
Le rendez-vous est fixé au lundi 11. Deux jours pour se
préparer. Moi qui suis généralement quelqu'un d'anxieux, là, je me sens
étrangement calme. La réflexion prend le pas sur la peur. Maintenant je sais,
les trois prochains mois vont être cruciaux. C'est au mois de mars que je vais
connaitre la direction que va prendre tout cela.
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