Paradis

Six heures trente. Je suis là, devant ma glace à regarder ce corps qui m'échappe. La prise de poids de ces derniers temps a fait réapparaitre ce que je nomme mon bourrelet équatorial. Ma peau se dessèche, m'obligeant à me tartiner de crème hydratante. Ce visage qui n'est toujours pas le mien, paupières qui s'affaissent, rides qui s'accentuent. Ma toison qui est réduite à sa plus simple expression, il ne reste que quelques plaques éparses de cheveux, la barbe inexistante ... Le miroir n'est pas mon ami!

 La cavité buccale se rebelle, brûle toujours, la déglutition est délicate. Le bain de bouche améliore les choses, mais pas assez à mon gout. Le gout, parlons-en. Il est dénaturé, la nourriture est étrange. Depuis trois jours, je réduis mon alimentation, par force, car la faim me tenaille. Alors retour aux compléments  alimentaires. Cette faim permanente me pose question. Je dois consommer plus de calories pour chaque effort, ou mon colocataire se nourrit gratuitement? La question reste en suspens. Le passage rituel sur la balance montre une légère perte de poids. En temps normal, maintenir ou prendre du poids a toujours été un problème, donc je reste sur mes gardes. Le passage sous la douche est un moment de plaisir. L'eau chaude ruisselle sur mon corps et m'apporte du bien-être. Mon esprit en profite pour s'évader.

 Retour devant la glace. Séquence habillage. Une autre personne se présente dans le reflet qui m'est renvoyé par le miroir. La schizophrénie me guette!!! Cela fait trois jours que mes ongles me font souffrir, cela va en s'accentuant. Résultat, je maudis les boutons du pantalon que je peine à fermer, vais devoir renouveler ma garde-robe? Pantalon à élastique de rigueur! Pas très glamour. Encore un petit rituel avant de quitter la salle de bain, les larmes artificielles, pour éviter de passer ma journée à lutter contre la démangeaison de mes yeux, désagrément engendré par la sécheresse. 

Sept heures quinze. Je savoure mon café et la chocolatine du matin. ( Vous remarquerez au passage que je suis bien du pays d'oc, je dit chocolatine, pas pain au chocolat comme au pays d'oïl!) . L'ordinateur est allumé, je commence ma journée de scribe, et j'aime ça! J'y prends autant de plaisir que de dessiner ou peindre, faire de la musique, lire, ou .......... Stop! ... Plaisir avant tout. Il y a une citation de je ne sais plus quel auteur, qui dit: "  Il est plus facile à l'imagination de se composer un enfer avec la douleur qu'un paradis avec le plaisir."  J'adhère complètement à cela, mais je fais en sorte de me créer mon paradis, dès que me suis éloigné du miroir ! Avec le plaisir, la douleur s'éloigne. Soyons positifs, alors Bienvenue dans mon paradis!