l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

11 mars 2016

À part ça, ça va



Bonjour toi! Ce sont mes premiers mots, chaque matin. Saluer mon autre moi est devenu un rituel. Je me retourne et quitte le miroir. Devant moi, la balance trépigne d'impatience pour m'annoncer le poids du jour. 74 kilos huit cent! Ouaaah! Le chiffre augmente en permanence. Pourtant plus de compléments alimentaires depuis un mois. Je mange beaucoup plus qu'avant, mais quand même... Mais il y a aussi les corticoïdes injectés lors de chaque chimio, et l'hormonothérapie avalée deux fois par jour. Tout cela doit influer. Je commence à imaginer que dans quelques mois, le bonjour lancé au miroir va me renvoyer l'image d'un clone de Depardieu!  Salut Gérard!

Et voilà une nouvelle journée qui commence. Mais que peut faire un malade atteint d'un cancer tout au long de ses journées? Attendre et espérer. Attendre la prochaine analyse, le prochain scanner, la prochaine chimio.... espérer ne pas vomir, pouvoir sortir, aller au ciné sans être obligé de quitter la salle avant la fin du film, vivre ses journées sereinement, sans douleur, entendre son médecin lui dire " C'est parfait, nous pouvons considérer que vous êtes en rémission " ... Tout cela est au fond de lui, caché dans les méandres de son esprit.

Mais que fait-il concrètement de ses journées? Il mange, pour garder son énergie, pour tromper l'ennui, pour faire plaisir à son chien. Il dort, car son corps réclame du repos après sa séance quotidienne de sport, les cent mètres à faire pour aller au fond du jardin, multipliés par deux bien sûr, car il faut revenir. Le retour, bizarrement, semble plus long, je ne dois pas prendre tout à fait le même cheminement!

 Il pense, beaucoup, parfois beaucoup trop. Alors il écrit, cela libère les cases de son cerveau encombré des pensées de tout type; légères, sérieuses, toxiques, philosophiques, pratiques ... Quand les mots sont lâchés, il peut trouver le temps de lire. Comme il aime la variété, c'est trois livres à la fois, aux sujets très différents, qui amènent à la rêverie, à la réflexion (encore!), à l'empathie... Il ressent souvent de la frustration, alors, il mange (ben oui), il parcourt le plus grand supermarché du monde à la recherche d'un truc inutile à acheter, il regarde un film, celui de préférence où il faut se laisser porter, pas réfléchir.
Il flâne sur les réseaux sociaux, à la recherche de contacts. Il cherche. Des trucs et des machins qu'il aime et souhaite partager, des informations et des nouvelles sur la maladie, qu'il souhaite, là aussi partager. 

Parfois un besoin d'adrénaline se fait sentir. Alors il se plonge dans le monde virtuel d'assassin's creed unity. A la découverte du Paris de la révolution, à résoudre des énigmes, à pourfendre les méchants, à mourir et renaitre en quelques secondes, magie du virtuel! Tout lui est permis, c'est lui et pas lui à la fois! Cela me fatigue, cela me détend, me fait du bien d'avoir le droit de trucider mes ennemis aussi simplement, sans scrupule ... Si seulement je pouvais faire cela à mon colocataire!
En fait, depuis son fauteuil, il nous est possible de vivre, vivre une autre vie, que l'on a pas réellement choisi, mais qui est la dernière chose que l'on peut dominer, en l'adaptant sans cesse à notre réalité. On s’interroge, doit-on continuer à vivre de cette façon et combien de temps.… Mais il y a toujours des lueurs de bonheur, des gens qui vous aiment.  il y a toujours quelque chose qui vous maintient lié au réel, à la vraie vie.

À part ça...ça va

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Ecrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante Commentaire
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL
3) Vous pouvez, utiliser le formulaire de contact, être assuré d'être avisé en cas d'une réponse
4) Cliquer sur Publier enfin.