l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

9 mars 2016

Blogueur

C'est dans le silence, au moment ou l'aube se lève, que je met en forme mes idées jetées sur un brouillon parfois la veille ou les jours précédents. C'est un moment qui m'est propice à la réflexion. Quand mes écrits atterrissent sur le blog, une question se pose . Qui va lire ce blog? pourquoi? Mes amis bien sur, mais aussi des étrangers, de tout pays. Des gens de toute religion, de toute condition sociale, qui sont touchés de prés ou de loin par cette maladie, mais aussi des biens portants sensibilisés à cette cause. Il est difficile de connaitre les motivations de chacun, seuls les commentaires vous donnent une piste, mais ils sont rares. Pourquoi? Parce qu'il n'y a rien à dire?, par pudeur peut être, ou ... je ne sais pas.
Je raconte mon quotidien, mes doutes, mes espoirs. J'affiche mes questions existentielles, me dévoile comme jamais. Cela n'est pas spécialement mon style, je suis vécu comme quelqu'un de discret, de secret, mais le besoin que je ressent d'écrire est fort. Il m'est plus facile de m'exprimer par écrit que de manière orale. Le besoin de partager me permet d'être moi même, j'avance sans masque. J’expose ma sensibilité, mettant ainsi à mal l’image d’un homme d’un abord froid, distant. Ce blindage qui m’a servi tout au long de ma vie pour évoluer dans ce monde austère, qui m’a évité de prendre des coups. Mais qui m’a parfois desservi dans mes relations sociales. Certains ont su lire au travers de ma carapace, d’autres non, me prêtant souvent des intentions qui n’étaient pas les miennes. Aujourd’hui cela n’a plus d’importance. Mon but est de transmettre cette histoire, de laisser une trace, de libérer les mots pour montrer l’importance d’être soi même, avec ses forces et ses faiblesses. J’espère que mon expérience va aider ceux qui sont dans le désarroi et ne peuvent l’exprimer, qu’ils puissent prendre confiance, ne plus avoir peur de dire. Garder les choses en soi, c’est toxique, et quand l’on affronte cette maladie, il est vital de se débarrasser de ce qui nous oppresse au quotidien, la toxicité de nos pensées. Certains utilisent les groupes de parole, d’autres des psy, quelques-uns l’écriture. Chacun sa manière, peu importe. Ne rien dire n’est pas une solution. S’exposer sur un blog, ce n’est pas de l’exhibitionnisme, le lire n’est pas du voyeurisme. C’est volontairement que je me raconte, je garde encore une partie secrète, par pudeur aussi. Les lecteurs, qu’ils soient de mon entourage ou de parfaits inconnus, me permettent de puiser de la force dans ce réseau. Qu’ils viennent chercher des nouvelles, des renseignements, de l’espoir ou de l’énergie à la lecture du blog, ils sont pour moi un soutien important. Sur la toile, le nombre de blogs parlant de cette maladie est assez limité. Certains cancers, ceux qui sont le plus médiatisés, sont très présents. D’autres, comme le cancer de la prostate ne sont que trés peu représentés.

Pensez-vous que l’on parle assez du cancer dans les médias et que la lutte contre la maladie bénéficie d’une visibilité suffisante ?
Personnellement, je pense que la parole des malades du cancer est plutôt rare dans le discours médiatique. Ce sont d’autres acteurs qui s’expriment pour eux. Le corps médical et les associations parlent en leur nom. Dans la presse, la maladie est majoritairement incarnée par des personnalités plutôt que par des anonymes. Internet, lui, favorise de nouveaux discours sur la maladie, à l’initiative des patients . Ces discours proposent une autre vision de la maladie. Cette vision est incarnée par les malades eux-mêmes et non par une mise en scène. Dans les médias, le cancer apparait de manière fractionné, catégorisé. Le discours est dominé par les médecins, qui évoquent leur relation aux malades et les avancées concernant la recherche. Les malades y apparaissent surtout comme une représentation statistique.

Bien sûr il y a des manifestations, comme octobre rose, massivement médiatisées, et puis il y a les autres cancers, moins prisés des médias. Le cancer doit-il devenir une cause nationale? Comment capter cette attention médiatique et sociale au-delà des quelques manifestations annuelles ? Concrètement mon sentiment est qu’une fois retombé le  bruit des annonces, les impacts ne seront pas ceux que l’on pourrait espérer, bien vite le rideau tombe et retour à la réalité! Le cancer touche ou touchera au quotidien tout le monde, directement ou indirectement, dans sa famille, ses amis, ses relations. Le troisième plan cancer veut lutter contre les inégalités. Il me semble plus vouloir culpabiliser le citoyen, diriger sa vie y compris privée , mais ne pas attaquer les problèmes de fond, comme l’environnement ou l’alimentation. De forts lobbies n’ont pas envie que l’on aborde vraiment la recherche des causes des cancers en particulier environnementales et tout ce qui à long terme aura un impact sur la fréquence des cancers. C’est très regrettable.

La plupart des patients ont très peur. Cette maladie est diabolique et diabolisée. Cancer = mort. Je comprends que les gens aient peur parce que l’on croit sa dernière heure arrivée. Chacun le perçoit différemment. Changer l’image de la maladie est important, les efforts de la ministre de la Santé sont louables, le droit à l’oubli c’est bien, mais la liste des six types d’affections concernées semble bien timide par rapport aux besoins des malades. Sans compter les 10 ans d’attente!  Et pourquoi six types de maladies uniquement ? il y a encore de la discrimination. Nous ne sommes toujours pas égaux devant cette maladie. Le régime reste favorable aux assureurs! Le cancer reste un tatouage indélébile sur le corps de ses victimes.

Je sais qu’il y a des choses que je n’aurai pas la force ou le temps de réaliser. Je vais donc continuer à chercher les mots pour raconter mon chemin à ceux qui me survivront... Il me reste de nombreux sujets a explorer. Merci à mes lecteurs

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