Bordeaux nord.36 séances
de radiothérapie au menu. C'est un peu à reculons que je me présente à la
clinique. Le voyage fut agréable, mon chauffeur de taxi étant sympathique et
bavard, le trajet m'a paru plus court que d'habitude. Je suis en avance, la
salle d'attente est quasiment vide , mais un bruit infernal couvre les voix, même
ma voix intérieure a du mal à se manifester. La clinique est en
restructuration, à l'étage supérieur, un marteau piqueur donne le rythme.
Comment font ils pour travailler dans un tel vacarme! Vingt minutes plus tard,
je suis convié à pénétrer dans le vestiaire pour me mettre en tenue
réglementaire.
Ceux que je vais nommer mes jedi, préparent la
séance. Je vais rencontrer Voltaire, la machine qui va lutter contre le côté
obscur qui hante mon corps. Une fois prêt, j'ouvre la porte pour me diriger
vers la salle d'irradiation. Aïe, premier impair. Je me fais fermement renvoyer
à la case départ, je dois attendre que l'on vienne me chercher. Premier contact
un peu rude. J'obtempère. Bon, c'est le moment, je suis conduit devant la
machine. La salle est d'une tristesse inouïe, vétuste, terne. La machine est
dans le même état. Cela ne correspond pas aux belles photos de la brochure de
la clinique.
Je suis très perméable aux
atmosphères, aux attitudes, au ton employé quand l'on s'adresse à moi. Mais
voilà, mes déconvenues ne sont pas terminées. L'on me bombarde de consignes,
sur un ton très sec, avec un langage adapté à un enfant qui va avoir des
difficultés à comprendre ce que l'on attend de lui. Cela me crispe un peu. Je
suis les consignes, mais me fais reprendre sans cesse, car je suis trop
participatif, il faut que je me laisse faire. Allons-y. comme une marionnette,
je me laisse manipuler, mais voilà que mon jedi s'agace. Je tente l'humour,
"je suis trop grand pour la table" un flop! elle s'énerve encore un
peu plus, se sentant en difficulté avec le réglage de l'installation. Je décide
de me taire.
Après un temps impossible
à déterminer, mais qui me semble très long, je suis enfin calé. Ne pas bouger! Un
deuxième jedi pénètre dans la salle. À peine bonjour, et il commence à modifier
ma position. Petite passe d'armes entre les deux manipulateurs, ils sont en
désaccord sur ma posture. Je commence à me sentir nerveux. Envie de fuir ce
lieu, mais ce n'est pas raisonnable. Enfin la machine ronronne.
Ma position ne me permet
pas d'observer l'environnement, et puis surtout, ne pas bouger! Voltaire tourne
autour de moi, il craque comme un vieux rafiot, il gémit aussi, les roulements
semblent grippés. Demain j'arrive avec la burette de 3 en 1 pour huiler tout
cela! Cela me semble long, très long. J'ai des difficultés à ne pas bouger, ma
jambe gauche tressaute, sans mon autorisation. Je n'arrive pas à maitriser ce
tremblement. J'imagine le jedi bondir pour venir me rappeler que ... ne pas
bouger! La machine est vraiment vétuste, dans mon champ de vision, je peux
noter que son nettoyage laisse à désirer. (Penser à amener des lingettes pour
raviver le tout) La séance se termine
enfin. Je suis en difficulté pour m'extirper de l'engin. Un bras vient m'aider
à me tirer de cette situation, je retrouve la vision globale de la salle, je me
sens un peu groggy.
Retour en cabine
d'habillage. En passant l'on me dit que l'on va me donner mon plan de route
pour les jours suivants. Une fois prêt, je sors de la cabine pour récupérer mon
carton d'invitation. Le jedi qui le prépare râle, et quand il m'aperçoit... deuxième
couche, il m'ordonne de regagner mon cagibi et d'attendre. Le ton est une fois
de plus impératif et fait monter en moi la colère. Je freine mes sentiments et m'exécute une fois de plus. Je
suis généralement très conciliant, mais
si les séances sont toutes abordées sur ce ton-là, je vais peut être me monter
moins sympathique.
C'est avec soulagement que
je quitte la clinique. Le prochain rendez-vous est en fin de journée, je
redoute de trouver un personnel encore plus fatigué donc peu dans le
relationnel. Je verrai bien demain! Le retour est tout aussi agréable que
l'aller, avec un nouveau chauffeur.
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