l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

17 mars 2016

Sur la route



 Juliette m'a souvent menée en bateau, alors je l'ai remplacée par tomtom. C'est bien de mon GPS que je parle, mon allié pour naviguer dans Bordeaux, ville que je ne maitrise pas, car en perpétuelle mutation. Tomtom, une fois de plus, me fait traverser les quartiers riches de la ville et me dirige vers les immeubles qui jouxtent la clinique Bordeaux nord. Il est mercredi, c'est avec une heure d'avance que nous arrivons à la clinique. Pour une fois nous trouvons une place à proximité, non payante. Il faut dire que le parking de la clinique n'est pas donné, et quand l'on cumule le péage de l'autoroute plus le parking, au fil du temps cela commence à faire des sommes confortables, mais ce sont  les règles du jeu, une infime partie du prix à payer pour sauver sa vie.

À l'extérieur nous croisons du personnel en pause, des patients en attente, certains semblants plutôt mal en point, leur état physique ne laissant aucun doute sur la raison de leur présence en ce lieu. À l'intérieur les salles d'attente sont bondées. Ici pas de différence de classe sociale, nous sommes tous logés à la même enseigne. Seule la tenue vestimentaire donne encore des signaux sur la condition des uns et des autres, mais devant la souffrance, nous sommes tous égaux. Passage au secrétariat pour les formalités d'usage. Je pense renvoyer une image d'homme calme, mais à l'intérieur, c'est la révolution! Je cherche à maitriser ce stress qui veut me submerger. Je ne lâche rien. Je suis rapidement dirigé vers la salle du scanner. Bizarrement cette salle est vide. Nous avons normalement trois quarts d'heure à attendre, car nous sommes vraiment très en avance. Surprise, cela fait cinq minutes que nous sommes installés, que je suis déjà convié à me préparer pour le scanner.

 La machine est là, une fois de plus elle me fait penser à la porte des étoiles, en référence au film stargate. Pour les fans du film et de la série, je vais casser un mythe. La porte des étoiles n' a pas été conçue par les extraterrestres! Il y a marqué en gros "Philips", la dernière fois c'était" siemens". Passons aux choses sérieuses, je suis là à présenter mes belles veines, l'aiguille pénètre dans le tuyau et.... encore un raté! " cela va monsieur je ne vous fait pas trop mal?"  Dois je lui dire la vérité? Je ne veux pas vexer ce brave homme, mais cela brule, encore et encore, car il insiste jusqu'au moment ou "C'est bon, nous pouvons commencer la séance". Je n'ai pas de chance avec les gars, il est le troisième à me torturer, alors que , je le répète, mes veines sont des boulevards! Je suis grand seigneur, alors une fois de plus j'accorde mon pardon. La machine ronronne et monte en puissance. Les petites lumières rouges tournent autour de mon corps. Injection du produit. Ma tête commence à bouillonner, c'est la séquence culinaire qui commence! La chaleur commence à se répandre dans mon corps. Une autre partie de mon anatomie commence à bouillir, je ne vous fais pas de dessin, vous comprendrez rapidement, je vais avoir les œufs cuits durs!!! Sensation bizarre et désagréable. Le fond de la porte de chez Philips est plus esthétique que chez Siemens. Une douce lumière bleue qui change en fonction de la puissance pour monter jusqu'au rouge avant de revenir au bleu. Fin de séance. 

Retour en salle d'attente. Face à nous une dame semble souffrir le martyre. Une infirmière vient tenter de la rassurer, lui propose une salle plus tranquille, ce qu'elle refuse. Je continue a bouillir, mais cela m'occupe l'esprit. Voilà, le résultat est entre mes mains, je dois aller voir l'oncologue. Direction le sous-sol. Une dame sort de son bureau, nous l'avions déjà croisée à l'extérieur. Elle est très amaigrie, le corps vouté, elle a des difficultés à se déplacer. J'ai mal pour elle, car l'issue ne lui semble pas favorable. Dans ces moments, j'ai tendance à oublier mon propre cas, j'ai encore la chance de garder de la force, mon état physique résiste à la maladie, aux traitements. Je n'arrive pas à m'imaginer dans cet état, je refuse cette idée.

 Mon ange gardien est là, a étudier les résultats. La lecture du rapport entraine de nombreuses mimiques de sa part que je ne sais interpréter. La pression est à son comble. " Alors comment vous sentez vous? " Il m'observe durant la description. Je lui demande de bien vouloir me décrypter les résultats. " C'est bien, même plutôt bien pour ne pas dire miraculeux" un vertige m'envahit. Je lui demande de préciser. " Certaines lésions ont disparu, les plus petites, comme celles situées au bas du poumon droit. Au niveau de foie, certaines sont calcifiées ou ont disparu. La plus grosse c'est réduite, elle est passée de 4 cm à 17 mm. La prostate a diminué."  J'ai des difficultés a absorber toutes ces informations. Je ne m'attendais pas à cela, autant de positif. Une bataille est gagnée! Passons à la suite du conflit.  Arrêt du casodex, mais l'on maintien l'injection de déapeptyl toutes les douze semaines, en clair je garde une couverture d'hormonothérapie, mais seulement en injectable. Reprise de la chimiothérapie, mais une fois par mois. Entre les chimios, mise en place de radiothérapie, sur la prostate et les métastases osseuses. Tout recommence le 24 mars, pour trois mois. Ce jour-là, je suis convié à 8h45 à la chimio, puis à midi pour le scanner de centrage, en vue de la radiothérapie. Vous êtes fatigués, mais attendez-vous à pire. Là, je comprends que je viens de boire mon petit lait à côté de ce qui m'attend! Peu importe, je vais résister, je suis têtu de nature, cela aide face à l'adversité! Ce qui me dérange le plus, c'est les trajets au quotidien, car la radiothérapie, c'est 5 jours sur 7. Deux heures de route pour un quart d'heure de traitement. Donc je vais partir à la recherche d'un taxi, c'est le plus raisonnable. 

Le retour se fait dans une sorte d'état second. Je sais que ce n'est qu'une bataille remportée, la guerre va continuer, mais je viens de gagner de l'espoir. J'avais mis en réserve quelques projets pour le cas ou les nouvelles seraient bonnes. Je vais pouvoir y réfléchir plus sereinement. Y a-t-il quelque chose de miraculeux dans cette avancée? Je n'en sais rien, le miracle, je ne suis pas spécialement en phase avec ce concept. Je crois par contre à la force de l'esprit qui est en lien avec le corps et je fais confiance en l'oncologue qui sait comment piocher dans sa pharmacie pour nous aider à franchir ce mauvais pas. Je suis de nouveau sur la route et hisse ma bannière pour les combats à venir!

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