Le cancer demeure un combat inégal à l’issue
incertaine. Le cancer crée un vaste sentiment d'impuissance, de chute, et
pourtant, on décide de se mesurer a lui, créer une brèche, en cultivant
l'espoir, la confiance, luttant pour
conserver son identité, se réapproprier son corps.se disant que si l on part,
on le fera dignement. Lors de ce difficile itinéraire en terre inconnue, aussi déroutant qu’inquiétant, il est important
d être écouté, compris, relié aux autres, afin de trouver les ressources nous
aidant a mieux vivre et combattre.
L'aidant est en premier lieu un proche. conjoint, enfants,
parents ... Avec eux, la première question qui se pose est, comment vais
aborder la question? me taire et dire que tout va bien, en espérant éviter l'inquiétude à mon entourage. En parler
librement et ne rien cacher, sachant que les périodes de mal-être vont être
anxiogènes pour tous. Tout ceci va bien sûr s'appliquer au deuxième groupe,
celui des amis et connaissances qui vont vous entourer.
Personnellement, mon choix fut rapide. Ne rien
cacher et espérer en retour que l'on ne me cache rien. Le non-dit est toxique,
je conseille aux malades et aidants de libérer la parole, cela favorise la réflexion,
l'analyse et l'acceptation. Cela va aussi aider à dédramatiser certaines
difficultés et par cela lutter contre
l'angoisse.
Les personnes qui vous accompagnent n'ont pas une
place confortable. Les plus proches sont confrontées à divers problèmes. Le
cancer dans une famille déstabilise tout, le plan matériel et relationnel. Les
paramètres sont modifiés par la maladie, qui oblige à une nouvelle organisation.
Mon expérience actuelle est plutôt positive, ayant resserré les liens, que ce
soit avec mes proches, mes amis, d'anciens collègues. Ceci m'a aussi permis de
tisser des liens avec des personnes qui suivent ce blog ou ma page Facebook, cela
aussi a une grande importance. Échanger autour de la maladie ou sur d'autres
sujets, se soutenir les uns les autres, savoir que l'on n’est pas seul. Être
tour à tour aidé ou aidant. Chaque matin je consulte mes mails, à la recherche
d'un signe, d'un commentaire. Généralement les personnes préfèrent utiliser le
formulaire de contact direct, plutôt que de commenter sur le blog. Je ne suis
pas le seul à avoir constaté cela. Est-ce la peur de s'exposer, de la pudeur,
difficile à dire. L'important est de s'exprimer.
Les proches vivent en direct la maladie. Ils
pallient nos difficultés. Parfois un peu trop, car ils anticipent tout, prenant
notre place pour exécuter chaque geste qui nous met en difficulté, même si nous
désirons l'accomplir. Pour nous c'est frustrant, pour eux épuisant. l'aidant
doit aussi se ménager, physiquement et mentalement. Il nous est difficile de
lui faire entendre. Souvent l'aidant s'inquiète plus que nous! donc, nous
devons veiller qu'il puisse de temps en temps décrocher et vivre sa vie, prendre
chaque opportunité de s'éloigner de la maladie.
Les amis. Ils nous offrent l'occasion de penser à
autre chose, il ont une place primordiale dans ce cercle qui est le nôtre. Ils
participent , avec plus de distance, mais ils nous donnent aussi de l'énergie
positive dans laquelle nous puisons. Ils écoutent, motivent, apportent une aide
à nos proches. Certains ont des difficultés à faire face, donc ils sont
présents, mais à distance. Nous savons qu'ils prennent des nouvelles, mais ne
souhaitent pas nous rencontrer. Je respecte, d'autant plus que je me suis
longtemps trouvé dans cette situation. La peur de ne savoir que dire en leur
présence, d'assister aux changements physiques, et le fait que cela ravive nos
propres peurs par rapport à cette maladie.
Les inconnus. Il nous suivent au travers des réseaux
sociaux, du blog. Ils sont souvent concernés directement par le cancer, soit en
tant que proche, ou de malade. Au fil du temps, ces inconnus ne le sont plus.
Nous ne connaissons pas forcément leur voix ou leur visage, mais ils sont là,
dans nos cœurs. Il deviennent à leur tour des personnes ressources. Nous
prenons leurs ondes positives et espérons qu'ils piochent dans celles que nous
leur envoyons en retour.
Le passé est seul porteur de certitudes. Il demeure
très pénalisant pour certains qui n'arrivent pas à s'en détacher. La colère
pour ne pas dire la haine domine. Pourtant, si l'on veut entamer plus
sereinement ce voyage à travers l’inconnu, je pense qu'il est important de régler
ses comptes avec notre passé, de modifier notre façon de voir les choses, de
changer de prisme et de vivre au présent.
Vivre au présent pour conserver une qualité de
vie acceptable, en luttant contre la douleur, la fatigue, contre le stress, qui
grève notre devenir en raison du risque d’isolement et de repli qu'il engendre,
se donner les moyens et de tout mettre en œuvre pour guérir.
Devenir un acteur
à part entière, informé, éduqué, responsabilisé, actif. Prendre sa place dans
ce cercle qui est le nôtre, les malades du cancer, qui refusent de quitter le
cercle des vivants.
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