Manger chimio ou bio ? |
IL est six heures du matin, je suis là, devant mon
ordinateur, branché sur les réseaux sociaux, avec les lèves tôt! ( N'est-ce pas
Luc!). Je n'ai pas très bien dormi, je me sens nerveux, beaucoup plus que les
fois précédentes et je ne sais pourquoi. J'essaye de m'occuper l'esprit, vivre
le présent et ne pas projeter sur ce futur proche. Il est 7:45 quand le véhicule s'engage sur la route,
direction Bordeaux. Le temps est maussade, cela n'aide pas. Cette sourde
angoisse qui m'habite me parasite. Le trajet est monotone, je connais
maintenant le moindre nid de poule de la chaussée. L'entrée de Bordeaux est
bloquée, cela rajoute une couche à mon stress, je n'aime pas être en retard, et
cela va être le cas.
La ville s'éveille, mais pas en douceur, cela
circule dans tous les sens. Sur les quais, la ligne majestueuse d'un paquebot
s'affiche. Je regarde ces gens, accoudés
à la rambarde du bateau,, qui profitent de la vie, qui voyagent, de pays
en pays, faisant escale dans chaque ville portuaire. Je me prends à rêver a ce
jour ou l'on me dira " Voilà, vos examens sont excellents, vous pouvez
partir tranquille, je ne vous reverrai que dans 3 mois ! " Ce créneau pour
profiter de la vie, sans retenue, je me le rêve!
Arrivée au sprint dans la salle d'attente. Je suis
le seul (pour l'instant). L'oncologue ne tarde pas à nous recevoir.
Traditionnel questionnement sur le vécu de ces dernières semaines, un coup d'œil
au bilan. Conclusion en deux minutes chrono : bon pour le service! Pas de
feuille de route aujourd'hui, car son pc est en panne. L'oncologue m'accompagne
vers la sortie, et me dit " vous pouvez aller au cinquième"
Un petit blanc dans mon esprit: "au cinquième? Pourquoi?"
Mon ange gardien me précise que la salle de chimio a déménagé, donc, direction
l'ascenseur et les étages.
Vous vous rappelez l'article ou je vous parlais de
mon malaise en arrivant au sous-sol pour la chimio? Un des membres de la
direction a du le lire! car dorénavant, c'est au cinquième ciel que nous
allons, dans des locaux flambants neufs. Un fléchage provisoire nous guide vers
le bureau infirmier. Je retrouve la cadre du service qui est mécontente, car je
n'ai pas ma feuille de route. Je lui propose d'aller réparer le pc du patron si
elle le veut ( non, je déconne!) Ce
petit désagrément va entrainer une attente supplémentaire d'une heure. Pas de
feuille, pas de chimio!
Impossible de rester assis dans la salle d'attente.
La nervosité monte d'un cran, je me sens impatient. J'arpente la salle, le couloir
pour tromper ma nervosité, sans succès! Le problème est enfin résolu et je suis
invité à rejoindre la salle de shoot, dénommée "Sauternes" . SI SI !
je suis presque chez moi à trois kilomètres prés. Mais, que vont ils m'injecter?
Un petit château yquem?
Deux très jeunes infirmières pour gérer tout le
service, égale nouvelle attente. Il est dix heures trente, je suis dans la salle,
la machine et le cocktail sont là, mais... je n'ai pas de chambre implantable,
donc retour à l'infirmerie pour récupérer le matériel et à dix heures trente le
branchement va enfin débuter! ouf!
Je maitrise ma nervosité, je me sens contrarié, mais
sans animosité envers l'infirmière, mais plutôt le système ou ne sont pas pris
en compte les réels besoins du service. Je pense que je n'ai pas fini de râler
contre cela!
La petite infirmière place la perfusion avec
délicatesse et dextérité, se jouant de la dégradation de mes veines. Ensuite,
pose des questions pertinentes sur mon vécu de la maladie et mon état général,
donne des conseils, le tout agrémenté de sourires. Pour cela je lui donne la note maximum. Elle
correspond totalement à ma conception de ce métier.
Ma nervosité est toujours bien présente, je peste
contre cette perf qui n'avance pas, alors qu'elle est réglée au bon débit. Ma
perception du temps est déformée! Je m'agite sur mon siège. Un reportage à la
télé, sur la nature, me pose un peu.
Je regarde le cocktail qui s'écoule doucement dans
mon corps. Le petit malaise de début de séance se manifeste, mais moins
violemment. La perfusion n'a pas la couleur ambrée d'un petit Sauternes, les trois
doses sont translucides, paraissent sans danger alors qu'elles sont hautement
redoutables, pour mon colocataire et mon corps.
Visite de l'esthéticienne, envoyée par la petite
infirmière qui a relevé la sécheresse de
ma peau. Celle ci me prodigue de nombreux conseils, me masse les mains avec son
produit, nettement plus sympathique que le déxéryl, et me laisse quelques
échantillons à tester. Tout ceci avec gentillesse et prévenance, car elle
connait la passion des hommes pour les produits d'esthétique! (C'est mon côté
macho qui ressort!)
Enfin l'heure de la délivrance! il est plus de midi trente,
j'ai hâte de renter, surtout que la faim me tenaille. Je suis toujours aussi
agité intérieurement, pourtant tout c'est bien déroulé. Je pense que c'est le
cumul de ces dernières semaines qui me met dans cet état. Je dispose de trois
jours pour récupérer avant la suite des opérations.
C'est avec grand plaisir que je retrouve la campagne
et le frigo! L'après-midi commence, je n'arrive pas à me reposer, l'excitation
est là, les bouffées de chaleur aussi!
Dans vingt-huit jours, c'est la dernière séance de
chimio de la série, avant le bilan tant redouté. En attendant, je vais
reprendre mon va-et-vient pour les dix-neuf
séances de radiothérapie qu'il me reste au compteur.
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