l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

28 avr. 2016

Crabe et cancer







Pourquoi a-t-on utilisé l'allégorie du crabe pour parler de cette maladie ?
Le mot "cancer" a été associé pendant très longtemps à la souffrance et à la mort et possède actuellement une connotation très péjorative.  Il ya un terme pour nommer le cancer qui est souvent utilisé, le mot crabe. Je me suis posé la question, d'où vient cette appellation ?  La réponse varie selon les documents consultés. Voici un condensé de ce que j'ai pu trouver pour assouvir ma curiosité.
Le mot cancer tire son origine du mot latin homonyme qui signifie crabe. C'est Hippocrate qui, le premier, compare le cancer à un crabe par analogie à l'aspect des tumeurs du sein avec cet animal lorsqu'elles s'étendent à la peau.


Le cancer était déjà connu au moyen âge. On pensait à cette époque que c'était une sorte de crabe qui mangeait l'organisme de l'intérieur

La médecine arabe de la fin du premier millénaire, très en avance sur le reste du monde, est marquée par les travaux de quelques praticiens visionnaires. Il est recommandé l'excision lorsque le cancer est en début d'évolution, et il est préconisé de brûler les tissus avoisinant la tumeur. Ceci est en fait encore pratiqué de nos jours ! 

En Italie, on assiste du XVIe au XVIIe siècle à de grandes découvertes grâce aux autopsies enfin autorisées par l'église. Il est découvert les bases du fonctionnement du système lymphatique dont le rôle est déterminant dans la dissémination du cancer par les métastases qui sont des tumeurs secondaires, fruits de la propagation de la tumeur initiale. Premier spécialiste du cancer du sein, Marco Sevirini décrit les différentes excroissances mammaires, les dessine précisément, et préconise d'enlever toutes les tumeurs, qu'il nomme abcès, avant qu'elles ne dégénèrent. 

Gui Patin, le doyen de la Faculté de médecine de Paris, lui, ne sait que faire. Faut-il suivre Hippocrate qui affirmait qu'il ne faut pas opérer ? Ou au contraire, extraire la tumeur, comme le suggérait Galien au IIe siècle ? Il choisit finalement une voie médiane parfaitement inutile : brûler la tumeur au fer rouge. C'est l'époque où les chirurgiens anglo-saxons inventent la maxime Cut, Burn and Hope, en français "coupe, brûle et espère"... Superbe !

le XVIIe siècle connaît une terrible régression. Sous l'influence du professeur allemand Daniel Sennert, le cancer devient soudain une maladie contagieuse ! Pendant deux siècles, toutes les théories précédentes sont remises en cause. En conséquence, on isole les cancéreux comme des pestiférés ! Idée qui a longtemps dominé notre pensée !

Il faut attendre le XVIIIe siècle pour avancer un peu dans la compréhension de cette maladie mystérieuse, qui semble choisir ses victimes à l'aveugle et ne fait pas de quartiers. Grâce à la généralisation des autopsies effectuées pour trouver la cause des décès, les praticiens découvrent l'ampleur du désastre : la majorité des tumeurs vivent cachées à l'intérieur du corps, et sont la cause d'un grand nombre de morts précoces. 

Le Français Henri-François Le Dran théorise précisément la propagation de la maladie par les canaux lymphatiques vers les ganglions. On comprend désormais pourquoi le cancer peut migrer par exemple des poumons vers le foie ou le cerveau. Il réalise que si les ganglions sont touchés, le cancer est grave. Juste après, Xavier Bichat précise le concept de métastases. 

Ce n'est que tout récemment, à la fin du XIXe siècle avec l'allemand Virchow que la médecine comprend que les tumeurs sont le fruit de cellules folles qui se multiplient de manière anarchique, hors de tout contrôle. La chirurgie, encore rudimentaire, est à cette époque le seul traitement...

Des progrès importants seront faits au XXe siècle, mais la fameuse "guerre contre le cancer", déclarée en 1971 par le président américain Nixon, promettant l'éradication de la maladie avant 1990. Échec, malgré des moyens colossaux. Le volontarisme américain n'a pas suffi. La faute à une vision naïve de la maladie, dont la complexité échappait encore totalement à la communauté scientifique. Les connaissances de base de la maladie étaient insuffisantes. Personne ne pouvait soupçonner l'incroyable complexité de la machinerie génétique qui contrôle la cellule cancéreuse...

Les pinces angoissantes du Crabe peuvent s'abattre sur chacun d'entre nous ou sur nos proches. A l'ère de la technologie et de la science triomphantes, cette menace est particulièrement déstabilisante . Chaque humain est unique, chaque tumeur l’est aussi. 

Je viens de passer ma dix-huitième séance de radiothérapie, la moitié du chemin est parcouru. je chemine encore main dans la pince avec cette entité, et surement pour longtemps. Les effets des traitements sont dévastateurs sur le corps, par contre, nous pouvons dire que nous avons la chance de vivre au vingt et unième siècle, cela nous évite le fer rouge!

Les avancées sont encore insuffisantes, mais que de progrès dans la compréhension de cette maladie ! Nous sommes encore les cobayes qui permettront aux générations futures de vaincre ce fléau. Que nos souffrances servent au moins à cela. Si l'argent récolté par la vente de sous marins aux pays étrangers pouvait être reversé à la recherche ... des armes de destruction pour sauver des vies ... un paradoxe, mais je crois que je me berce d'illusions ! Il faut bien rêver parfois et espérer même ce qui parait inconcevable !

Je vais, comme des millions de personnes, continuer ce chemin, avec mes doutes et mes espoirs, observer la science et ses progrès, gérer mes douleurs et mes angoisses. Laisser le mot crabe de côté, mon image de cet animal est toute autre. Je préfère continuer de parler de mon alien ou de mon colocataire indélicat. Le passage actuel est difficile, mais je vais continuer à narrer mon histoire sur le blog, ce témoignage sera ma contribution à la lutte contre cette maladie.

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