Radiothérapie, la pause

La patience est une disposition morale qui permet de  supporter l'adversité et les maux. elle est  aussi la persévérance en dépit des obstacles, et l'aptitude à attendre tranquillement, sans irritation, quelque chose qui tarde à venir.

Le patient, lui, possède donc toutes ces vertus, résistant, persévérant et calme. Il attend, un regard qui fait exister, un geste, un sourire, qui donne confiance. Attendre prononcer son nom, et entrer dans le bureau, entendre une bonne nouvelle. Il faut attendre encore et encore.

Il est 14 heures, et j'attends devant le bureau de l'oncologue. Je viens de terminer ma séance de radiothérapie et réitérer ma demande de rencontre avec le médecin. Il y a de la lumière dans le bureau, donc, aujourd'hui, il est présent.

Une personne qui est patiente a la qualité pour supporter les douleurs et les difficultés et ne se plaint pas, mais en ce qui me concerne, la patience n'est plus de mise, la douleur l'a supplantée. Fort heureusement, le personnel rencontré ces dernières semaines est extraordinaire. Leur compétence et gentillesse donnent confiance.

La différence entre les patients et la patience devient claire quand un médecin demande à quelqu'un d'avoir la patience, car il va lui parler après avoir examiné ses patients. Le fait de parler de mes angoisses est certainement ce qui m’a le plus aidé à composer avec ma situation. Je suis agnostique et je ne crois pas qu’une épreuve comme le cancer ait une quelconque signification. De plus, rien ne sert d’en vouloir au destin, si destin il ya.

Mon ange gardien écoute avec gravité mes problèmes. Chez cet homme il m'est toujours impossible de savoir ce qu'il pense, son visage ne me donne que peu d'indications, pour ne pas dire aucune. Il consulte mon dossier, en un premier temps il décide de mettre un terme à la radiothérapie. Puis il se ravise, considérant qu'il est encore nécessaire de continuer, mais il veut bien m'accorder une pause jusqu'à lundi, ensuite il avisera. 

Je n'en demandai pas plus, une trêve de quelques jours. Je sors du bureau muni de quelques recommandations pour traiter mes difficultés. C'est avec soulagement que je quitte la clinique et l'espoir de retrouver une partie de mes capacités avant lundi.

Je remercie les taxis qui une fois de plus vont s'adapter à la situation. Avant de rentrer, je vais d'ailleurs prendre un café avec mon chauffeur. Des liens se créent petit à petit avec ses gens qui se battent pour survivre dans un contexte difficile.

De retour à la maison, je commence les soins préconisés. La douleur domine toujours, mais cette rémission dans le cycle de radiothérapie va, j'espère, me permettre de retrouver la force de lutter et de terminer ce traitement.