185 jours se sont écoulés depuis l'annonce de mon cancer. 185 jours d'une vie étrange où le temps n'a plus la même valeur. Autant de jours de combats contre la maladie et contre soi même. Cette envie de tout lâcher, de prendre un sac à dos et partir à l'aventure, en attendant l'échéance. Puis c'est la réflexion qui prend le dessus, qui vous dit que, si vous n'essayez pas, c'est terminé. Donne-toi une chance, de toute façon, partir à l'aventure, ton corps te ramènera vite à la raison!
Alors l'esprit prend le dessus. Vous modifiez votre
vision des choses de la vie. Reclassement des priorités, révision de votre
rapport à l'autre et à la maladie. C'est un tsunami à l'intérieur! La priorité
est de réorganiser son quotidien, en acceptant ce qui arrive, en adaptant ses
capacités à la situation. Ce n'est finalement pas le plus difficile.
La difficulté est de tenir le cap par gros temps.
Quand le corps se rebelle devant la torture qui lui est infligé. La douleur qui
est là, quasi permanente, fluctuante. Il faut arriver à lâcher prise, il n'est
plus question de tout contrôler, cela est impossible. Le moral devient une
arme. Tourné vers le présent tout votre être mobilise ce qui lui reste d'énergie
pour se battre.
Se battre, pour soi, sa famille ses amis, toutes les
personnes qui vous soutiennent. Témoigner pour laisser une trace, pour montrer
que cette maladie peut être vaincue, ou tout du moins contrariée par la volonté
de ne pas céder à la fatalité sans combat. C'est ma vie, comme celle de
millions de personnes de par le monde.
Drôle de vie certes, ce n'est pas celle dont on
rêve, mais le rêve d'une vie meilleure, différente, soutien le moral. Continuer
a faire des projets, à court terme car la visibilité de l'avenir est liée aux
résultats des examens. Donc c'est trois mois au départ, un peu plus par la
suite, de petits projets pour continuer à avancer dans la tourmente.
Quand on n’est pas soi-même confronté à cette
maladie, je crois qu'il est impossible d'imaginer ce que ressent la personne
touchée. Ce blog, comme ceux qui traitent du même sujet, a été créé dans l'idée
de faire prendre conscience aux bien portants que même si la vie est
différente, nous sommes toujours dans le club des vivants. Nous n'avons pas la
peste, ce n'est pas contagieux, nous sommes juste un peu différents, car nous
n'avons plus toute notre liberté, notre colocataire nous ayant dépouillé d'une
partie de notre libre arbitre.
Il ne sert à rien de se morfondre dans son coin.
Continuer à prendre part à la vie, c'est ma priorité aujourd'hui. Avancer sans
masque, je me mets à nu sur ce blog (non je ne suis pas exhibitionniste! ) Je
fait part de mes réflexions, de mes espoirs, de mes envies, mais aussi de mes
craintes, de mes douleurs ... C'est ma thérapie, mon espoir d'aider ceux qui se
murent dans le silence, de rassurer mes amis et proches qui vivent au loin ...
Dédramatiser et positiver même si parfois tel le roseau je plie sous le vent.
Mais revenons au présent. Lundi avant dernière
séance de radiothérapie. La journée a mal démarré. Dès neuf heures, je cours après
un dentiste qui veuille bien me recevoir en urgence, car une rage de dents
tenace m'a empoisonné le week-end. En apparence rien de grave, mais je me
retrouve une fois de plus sous antibiotiques.
Je retrouve Voltaire pour la trente-cinquième fois,
avec le sourire. Il écrit ses mots de feux sur mon corps, je le quitte l'esprit
léger.
Mardi. Feu d'artifice final! Mais pour arriver jusque là, il faut affronter la garde rapprochée
du président qui inaugure la cité du vin, et qui, bien sur, ce trouve sur notre
parcours!
C'est avec dextérité que mon taxi va se faufiler
entre les barrages, les manifestants venus fêter la venue du président dans
notre ville, et les CRS qui cherchent à contrôler la situation ! À moins que
tous ces gens soient là pour moi ? Pour fêter la fin de ce chapitre ...
Voilà, nous y sommes. Adieu, Voltaire, j'espère ne
jamais te revoir. Je vais garder quelques traces de ton travail pendant un
moment, mais je vais devoir attendre pour savoir si tu as rempli ton contrat.
Ouverture d'un nouveau chapitre dans peu de temps
sur ce blog.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Ecrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante Commentaire
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL
3) Vous pouvez, utiliser le formulaire de contact, être assuré d'être avisé en cas d'une réponse
4) Cliquer sur Publier enfin.