Soleil et traitement du cancer

La période estivale est arrivée. Les rues se vident  lentement de la population qui migre vers des destinations  diverses à la recherche d'une période de détente, pour échapper quelques jours ou semaines  au monde du travail et au quotidien. Le soleil, enfin là, darde nos corps de ses rayons. Ce soleil, source de vie sur terre, dont l'oncologue m'a demandé de me tenir à distance, je l'apprécie, je m'en délecte. Il me donne ce sentiment de bien-être tant recherché, particulièrement quand la maladie vous fait de l'ombre.

Si le climat ne respecte pas le rituel, nous avons l'impression que le désordre menace, car nous sommes des êtres solaires. Le soleil est une fête, pour moi, il n'est pas l'ennemi mortel qu'on dénonce trop souvent!

Les vacances sont nécessaires pour se relaxer, pour reprendre des forces et pour oublier les tracas quotidiens. Pour un patient en cours de traitement ou après un traitement, il est moins évident de partir en vacances, car il se pose de nombreuses questions : est-il possible de partir en vacances ? À quoi doit-on faire attention ? Que doit-on emmener ? Que faut-il savoir ? Partir en voyage est généralement possible, mais je crois qu'il est fondamental d'en discuter avec son médecin traitant auparavant, ou partir en vacance avec lui!

L'interdiction de fréquenter le soleil est justifiée par la radiothérapie.  Au moins un an pour une absence d'exposition complète... mais c'est ensuite pendant toute la vie qu'il faudra protéger la zone irradiée avec un une crème de haute protection, la peau irradiée étant toujours fragilisée. Donc écran total ou vêtement largement préconisé. Dans les cas où le soleil n'est pas contre-indiqué, toute exposition doit être modérée, et après avoir appliqué une couche généreuse de crème solaire, d'indice élevé

J'évite donc d'exposer les parties irradiées. Pour le reste, c'est plus aléatoire, et compliqué quand on aime vivre à l'extérieur, mais je m'adapte. Cette lutte contre notre colocataire est souvent synonyme de frustrations avec lesquelles il faut composer.

En ce 9 juillet, je constate que chaque matin je procède au même rituel. Je commence mes journées en faisant le point sur mon ressenti corporel du jour. Faisant le tour de l'évolution de mes tracas quotidiens. Les douleurs plus ou moins présentes, la cheville à géométrie variable le transit et ses perturbations, l'esprit plus ou moins combatif, les modifications de mon enveloppe corporelle...

Il y a longtemps que je n'ai pas parlé de l'image que me renvoie le miroir, cet autre moi. J'ai fini par m'habituer à ce reflet, et même à l'accepter. En six mois, le jeune brun ténébreux au cheveu long ( flatter son égo, c'est bon!) a laissé la place à un homme au visage ridé, au cheveu rare et gris ( cela repousse!)  un corps empâté qui affiche 80 kilos sur la balance. L'image ne vous semble pas flatteuse, pourtant, ce vieillissement accéléré, je l'accepte. C'est mon nouveau moi, séance de relooking express !

Pour la première fois de ma vie, j'accepte mon âge et ce qui va avec. Je me sens un esprit libre, qui n'a plus la crainte d'afficher  ce qu'il ressent, ses opinions, ses joies, ses craintes. Je n'ai rien a perdre, mais plutôt tout à gagner. Nouveau corps, nouvelle vie, nouvelles expériences, nouveaux combats. Je sais que mon espérance de vie est modifiée, l'oncologue parle de survie, terme que je refuse, car je vie différemment, mais je vie encore jusqu'à preuve du contraire. 

La peur est là, tapie dans les replis de mon cerveau, mais je refuse de me laisser guider par elle, car dans ce cas, je perds mon libre arbitre. Je reste lucide, et combatif, et je vous invite à suivre ce chemin, seul moyen de rester libre et digne.

La vie est un cadeau, protégez là, sous toutes ses formes. Bonnes vacances