l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

8 oct. 2016

Des mots, encore des mots, et le cancer...



Une page vierge face à moi. Des mots, encore des mots vont s'y étaler. Parfois je me demande si je ne lasse pas les gens avec mes états d'âme, mes réflexions, mes maux. Et puis le besoin d'écrire prend le dessus. Il y aura bien une personne pour me lire! De toute manière, cette page blanche, c'est un peu comme mon psy. Elle m'écoute patiemment, sans jamais me contredire, de toute façon je m'en fous, elle peut dire ce qu'elle veut, je me sens libre face à elle!

 Quand on écrit sur un blog, la consigne est d'écrire pour ses lecteurs. c'est ce que j'essaye de faire, donner des nouvelles, partager des infos ... mais aussi partager mes joies, mes inquiétudes, mes hauts, mes bas ( pas ceux de contention, c'est une horreur dont je vous dispense!)

Je suis dans une période plutôt instable et inconfortable, vous l'avez bien compris. La souffrance physique essaye de prendre le pas sur le mental et vient polluer mes pensées. Souffrir c'est perdre l’image idéale que l'on a de soi. Dynamique, disponible, actif et, du jour au lendemain, perte de tous ses points de repère familiers.  Alors nous avons le sentiment de nous perdre nous-mêmes, atteint dans notre identité la plus intime. La souffrance parait irrationnelle, et c'est bien là toute la difficulté d'en parler.

Le 20 octobre, à 9h45 pour être précis, je vais me retrouver devant mon oncologue. Quel discours lui tenir? Je commence à me préparer à cette rencontre, et je l'appréhende. " Bonjour comment allez-vous?" je déteste cette question! en clair c'est tamalou? Ben, partout! au corps, mais aussi à l'âme ... "Pour l'âme, voyez le psy, moi je m'occupe du corps"
ah! je pensais que cela était indissociable!

Parler de la souffrance, c'est  chercher à lui donner une signification. Vivre la souffrance c'est comme un passage, qui consiste tout d'abord en une prise de conscience. Quand on y réfléchit bien, tout ceci est un peu la double peine ! il faut savoir composer avec la maladie, mais aussi contrôler ses émotions.

L'oncologue va s'attacher à donner un sens à mes souffrances physiques, et c'est bien ce que je redoute le plus. Douleurs osseuses et depuis quelques jours hépatiques. Mon coloc est-il sorti de sa cage? Je n'arrive pas à faire taire ces inquiétudes. Cette semaine je dois avoir ma deuxième injection de xgeva, pour l'instant je n'en vois pas les bienfaits. Je dois aussi procéder à mon bilan sanguin de contrôle, cela va me donner quelques indications et peut être quelques nouvelles inquiétudes...ou pas.

Beaucoup de gens louent mon courage, ils le pensent sincèrement, ils ont de l'admiration devant mon adversité. Ils ont tort, je n'ai aucun mérite. Je fais preuve d'un instinct de survie, pas de courage. Je n'ai  pas le choix. Si je veux vivre, c'est le seul moyen de m'en donner les moyens, sans aucune assurance sur l'issue de tout cela.

Dire les mots justes à un combattant du cancer, ce n'est pas facile, j'en suis conscient. Nous sommes touchés par la manifestation de votre amitié, de votre intérêt, mais vous ne direz jamais ce qu'il faut. Seul un autre combattant pourra faire mouche, car il n'aura pas pitié, il n'aura pas peur de votre maladie,  il sera sur un pied d'égalité avec vous.

C'est pour une des raisons pour lesquelles j'ai toujours besoin d'échanger avec d'autres personnes atteintes d'un cancer. Nous pouvons nous dire les choses sans fioritures, sans craindre une parole malheureuse ou d'un jugement nous sommes dans le même univers et nous nous comprenons.

Je relate mon parcours sur ce blog. Je participe aussi à des forums sur des sites réunissant des patients atteints de cancer. J'essaye de diffuser de l'information sur ma page Facebook. Tout cela ne va pas me guérir, mais me donne au moins le sentiment de me rendre utile. La seule chose que je risque d'abandonner, ce sont les forums. Les échanges sont intéressants, mais j'éprouve parfois des difficultés quand je vois disparaitre des personnes qui ont perdu le combat, cela bouscule mon optimisme et le discours de combattant que je peux tenir, et je trouve que la maladie est parfois trop le centre de ma vie (ce quelle est malheureusement!)

Vous êtes encore là! alors c'est moi qui suis admiratif que vous ayez la patience de me lire. À bientôt.

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