Une page vierge face à moi.
Des mots, encore des mots vont s'y étaler. Parfois je me demande si je ne lasse
pas les gens avec mes états d'âme, mes réflexions, mes maux. Et puis le besoin
d'écrire prend le dessus. Il y aura bien une personne pour me lire! De toute
manière, cette page blanche, c'est un peu comme mon psy. Elle m'écoute
patiemment, sans jamais me contredire, de toute façon je m'en fous, elle peut
dire ce qu'elle veut, je me sens libre face à elle!
Quand on écrit sur un blog,
la consigne est d'écrire pour ses lecteurs. c'est ce que j'essaye de faire,
donner des nouvelles, partager des infos ... mais aussi partager mes joies, mes
inquiétudes, mes hauts, mes bas ( pas ceux de contention, c'est une horreur
dont je vous dispense!)
Je suis dans une période
plutôt instable et inconfortable, vous l'avez bien compris. La souffrance physique
essaye de prendre le pas sur le mental et vient polluer mes pensées. Souffrir c'est perdre l’image
idéale que l'on a de soi. Dynamique, disponible, actif et, du jour au
lendemain, perte de tous ses points de repère familiers. Alors nous avons le sentiment de nous perdre
nous-mêmes, atteint dans notre identité la plus intime. La souffrance parait
irrationnelle, et c'est bien là toute la difficulté d'en parler.
Le 20 octobre, à 9h45 pour être
précis, je vais me retrouver devant mon oncologue. Quel discours lui tenir? Je
commence à me préparer à cette rencontre, et je l'appréhende. " Bonjour
comment allez-vous?" je déteste cette question! en clair c'est tamalou? Ben,
partout! au corps, mais aussi à l'âme ... "Pour l'âme, voyez le psy, moi
je m'occupe du corps"
ah! je pensais que cela
était indissociable!
Parler de la souffrance,
c'est chercher à lui donner une
signification. Vivre la souffrance c'est comme un passage, qui consiste tout
d'abord en une prise de conscience. Quand
on y réfléchit bien, tout ceci est un peu la double peine ! il faut savoir
composer avec la maladie, mais aussi contrôler ses émotions.
L'oncologue va s'attacher à donner un
sens à mes souffrances physiques, et c'est bien ce que je redoute le plus.
Douleurs osseuses et depuis quelques jours hépatiques. Mon coloc est-il sorti
de sa cage? Je n'arrive pas à faire taire ces inquiétudes. Cette semaine je
dois avoir ma deuxième injection de xgeva, pour l'instant je n'en vois pas les
bienfaits. Je dois aussi procéder à mon bilan sanguin de contrôle, cela va me
donner quelques indications et peut être quelques nouvelles inquiétudes...ou
pas.
Beaucoup de
gens louent mon courage, ils le pensent sincèrement, ils ont de l'admiration
devant mon adversité. Ils ont tort, je n'ai aucun mérite. Je fais preuve d'un
instinct de survie, pas de courage. Je n'ai pas le choix. Si je veux vivre, c'est le seul
moyen de m'en donner les moyens, sans aucune assurance sur l'issue de tout cela.
Dire les
mots justes à un combattant du cancer, ce n'est pas facile, j'en suis
conscient. Nous sommes touchés par la manifestation de votre amitié, de votre
intérêt, mais vous ne direz jamais ce qu'il faut. Seul un autre combattant
pourra faire mouche, car il n'aura pas pitié, il n'aura pas peur de votre
maladie, il sera sur un pied d'égalité avec vous.
C'est pour une
des raisons pour lesquelles j'ai toujours besoin d'échanger avec d'autres
personnes atteintes d'un cancer. Nous pouvons nous dire les choses sans
fioritures, sans craindre une parole malheureuse ou d'un jugement nous sommes dans
le même univers et nous nous comprenons.
Je relate
mon parcours sur ce blog. Je participe aussi à des forums sur des sites
réunissant des patients atteints de cancer. J'essaye de diffuser de
l'information sur ma page Facebook. Tout cela ne va pas me guérir, mais me
donne au moins le sentiment de me rendre utile. La seule chose que je risque
d'abandonner, ce sont les forums. Les échanges sont intéressants, mais
j'éprouve parfois des difficultés quand je vois disparaitre des personnes qui
ont perdu le combat, cela bouscule mon optimisme et le discours de combattant
que je peux tenir, et je trouve que la maladie est parfois trop le centre de ma
vie (ce quelle est malheureusement!)
Vous êtes
encore là! alors c'est moi qui suis admiratif que vous ayez la patience de me
lire. À bientôt.
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