l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

27 oct. 2016

Quand t'es dans le désert





Il y a parfois des matins étranges, ou l'on se lève assailli de sentiments contradictoires. Je devrai me sentir heureux suite à ce mercredi de bonnes nouvelles, pourtant je ressens comme un vide indéfinissable, le sentiment d'être livré à moi même, plus d'armure, plus de bouclier pour me protéger, plus que moi et mon alien que je regarde au travers des barreaux de sa cage ...

Je pénètre dans la salle d'attente numéro trois, un homme, seul, au regard anxieux attend son tour fébrilement. Je ne sais rien de lui, mais visiblement son avenir est lié au résultat de son scanner. Il entre dans la cabine numéro deux, le corps vouté, portant toute la misère du monde sur lui. 

Mon  nom résonne, et  à mon tour, et je suis convié à entrer en cabine numéro un. Contrairement aux autres fois, je ne suis pas serein. J'ai passé une mauvaise nuit. Toute la matinée mes angoisses ont essayé de prendre le dessus, heureusement , une visite a détourné mon esprit de mes noires pensées (merci, Luc!) Je ne connais pas le radiologue, mais je m'amuse de son faux air de Lénine!

Bien que je lui précise que j'ai une carte de fidélité pour sa machine, mais il me récite quand même son discours sur  la marche à suivre. Aucune chaleur humaine, pas un sourire ...Une machine, ou un clone de Lénine!

Il m'explique par le menu chacune de ses actions. "Je vais vous perfuser, ne bougez pas! " ahhhh ahhha hhha  hhèèèè!!! Il s'acharne sur ma veine, je sens cette foutue aiguille me bruler le bras, je serre les dents ... il n'y arrive pas, bredouille des excuses, me racontant que la veine fait un coude et que cela ne passe pas! À mon scan  précédent, sa collègue  a piqué au même endroit et c'est passé comme une lettre à la poste!

Il me demande l'autorisation de recommencer. J'ai vraiment besoin de ces résultats, alors j'accepte, mais lui montre où il va piquer sans me louper. " À cet endroit cela est plus douloureux" je suis tombé sur un comique!!! Il s'exécute, et là, bingo! même pas mal!

La machine ronronne, j'essaye de me détendre après ce moment  de plaisir de masochiste. Pour le scan il est nécessaire de lever ses bras au-dessus de la tète, cela ne pose généralement aucun problème, mais là je souffre le martyre, mon épaule droite est hyper douloureuse, lever ce bras est une vraie torture! Allez, serrons les dents encore une fois!

Voilà le moment que je préfère. Le liquide se répand dans mon corps. Une intense sensation de chaleur éclate dans ma gorge couplée à un gout iodé très prononcé. Puis la chaleur envahit rapidement le cerveau pour ensuite se répandre jusqu'à la base du corps. Je passe la porte des étoiles une fois de plus ... il n'y a toujours rien de l'autre côté. À si! Lénine!

Je quitte mon tortionnaire pour la salle d'attente. L'angoisse fait son retour. Après une heure d'attente, l'on me remet mon album photo, sans un mot. Je le serre contre moi, sur le chemin du bureau de l'oncologue, ma compagne souhaite s'arrêter pour le consulter, je refuse, besoin de différer ce moment.

J'ouvre délicatement le dossier, la peur au ventre. Hypodensité au lobe gauche et droit du foie. Mise en évidence d'une diminution du volume de certaines lésions, préconisation d'une IRM pour déterminer quelles lésions sont kystiques et quelles sont secondaires. Très nette diminution du volume du ganglion de la veine cave rétro hépatique .... etc. ... En clair, amélioration de l'ensemble des lésions. Soulagement immédiat.

L'oncologue étudie les résultats, le visage toujours impassible. Il confirme que c'est satisfaisant. Et nous voici à la conclusion. " Arrêt des traitements, je ne maintiens que l'injection de décapeptyl. Bilan PSA tout les deux mois et complet avant chacune de nos rencontres, nous nous reverrons en février"

Je ne m'attendais pas à cela, je suis un peu interloqué. Arrêt du xgeva alors qu'il y a trois jours il voulait le prolonger. Pas de visite urologue il ne l'estime pas nécessaire. Pas question d IRM pour le moment. Je patauge, ne sais plus que penser, je n'arrive pas vraiment à me réjouir du résultat! Je n'arrive pas à pauser de questions!

Ma compagne se lance. " Comment savoir si cela va?" La réponse est cinglante et me choque.  S'il respire le matin, c'est que tout va bien! Je pense que j'ai dû blêmir. Elle reformule sa question. " Tout symptôme anormal durant dans le temps doit vous amener à consulter votre médecin". Donc il se dégage sur ma généraliste. Je n'arrive décidément pas à communiquer avec cet homme! Sa réponse était elle de l'humour? je ne sais pas.

Avant de se quitter, il a une dernière phrase rassurante. " Dans votre cas, il faut vous dire que votre taux de psa peut bondir à 200 en quelques jours. Je garde sous le coude une batterie de traitements pour cette éventualité"

Nous sommes dans la voiture. Ma compagne a envie de vomir, elle ne se sent pas bien. Les résultats sont bons, mais elle n'arrive pas à déstresser. Je suis dans le même état d'esprit , sa dernière phrase résonne dans ma tête.

Une nuit plus sereine que la précédente m'est donnée. Voilà le réveil. Tout revient à mon esprit. J'erre dans la maison, un sentiment de grand vide ... Il faut que je parle à mon blog. Mon ressenti s'étale sur mon écran. J'essaye d'analyser ce moment. Une partie de notre vie est chargée de moments pleins d'intensité, des moments qui jettent sur l'avenir une lumière nouvelle, mais là, ma lumière vacille.

En fait, les traitements sont rassurants. À l'instant présent, je me sens comme abandonné. Le monstre est dans sa cage, je sais qu'il peut bondir et l'exploser à tout instant. Mon seul rempart se nomme décapeptyl. Je ne me fais aucune illusion depuis le départ, mais cette manière de me rappeler la réalité m'a ébranlé. Je dois gagner du temps, du temps en espérant que la science va avancer plus vite que mon alien, sinon ...

Cette semaine je vais prendre rendez-vous avec ma généraliste et lui faire part de ce ressenti. Elle n'a surement pas d'élixir dans sa besace qui  va résoudre mes problèmes, mais elles à des mots et une attitude rassurante. 

Il ne reste qu'une chose à faire: attendre et voir venir, en continuant de vivre au jour le jour, rêvant à mes futurs voyages. Je retourne à mon van. Le site qui lui est consacré ( mais pas que ça) est en lien sur ce blog dans l'onglet " suivez-moi sur le web". Il avance moins vite que l'aménagement, mais j'essaye de vous y raconter une histoire régulièrement. Pour ceux qui y sont abonnés, je vais envoyer une newsletter à chaque nouvel article, manuellement, car le système mis en place jusque là ne fonctionnait pas. 

Je termine avec cette note d'optimisme, car c'est ce qu'il y a de mieux a faire, c'est garder le cap et le moral!

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