2016, deuxième vie

J'ai une sorte de rituel, chaque matin je fais une incursion sur ma terrasse, peu importe la météo.. Exemple aujourd'hui. Comme souvent, je me lève tôt. Il est six heures, il fait moins quatre, le bonnet rivé sur la tète et doudoune sur le corps, mon regard essaye de percer la nuit qui recouvre encore notre pays, j’observe le ciel étoilé, j'écoute les bruits nocturnes... tient.... ce matin c'est le silence.. . et  j'aime le silence. C'est un moment de bien être, de rêve et de réflexion. Cette sortie matinale  est surtout ma façon de dire bonjour à la vie ...

Actuellement, c'est une pause pendant le tourbillon des fêtes . Pas de rendez-vous ni d'examens. J'ai presque l'impression que tout est normal.  Mais je ne perds pas de vue mon colocataire indélicat! et surtout cette année 2016, année ou j'ai commencé ma nouvelle vie.

Il y a un an, à l'annonce de mon cancer, je suis mort une première fois. Tout s’est écroulé, mes rêves, mes illusions, mes désirs... Tout! Et puis il y a eu la renaissance, au bout de peu de temps, une petite quinzaine, ou je suis passé par tous les états. C'est là qu'a commencé ma deuxième vie.

Continuer à rêver.... Car celui qui ne rêve pas, n'espère pas, et qui n'espère pas, ne vit pas... j' écoute donc mes rêves et le soleil brille encore... Le soleil,  il se lève justement! , une explosion nous lançant son bonjour, et ma journée commence vraiment... une journée à la fois ...

2016, dés le départ je me suis dit, c'est une année à mettre entre parenthèses, avec un seul but, me battre contre la mort, me battre pour vivre, encore et encore. Pour cela il faut accepter la situation, puis chercher comment se recréer un univers viable, entre douleur, peur, espoir...

Ma première action a été de créer "antidote". Raconter le quotidien d'un malade qui doit affronter l'inacceptable, l'annonce de sa fin prochaine. Raconter ce combat puisque je n'accepte pas de me rendre sans lutter. Écrire tout cela, c'est le moyen de me donner l'énergie nécessaire pour chaque bataille.

2016, je suis passé de l'autre coté de la barrière. De soignant, je suis devenu patient. Et de la patience il en faut ! Des heures et des heures d'attente, des aiguilles qui vous percent dans tous les sens, des questions sans réponses, de la paperasserie qui vous bouffe de l'énergie, etc., etc.

Des réflexions sans fin autour du concept de la guérison et du mieux-être. Réflexions qui m'ont conduite à me lancer des défis, pour avancer et maintenir mon moral. Ce moral qui certes ne va pas me guérir, mais qui me maintien à la surface et me permet de rester dans le train de la vie.

Le médecin, il est l’expert scientifique, mais les patients savent ce qui leur tient le plus à cœur, chacun de nous est expert de sa propre vie! donc je me suis très vite dit qu'il était nécessaire de garder le contrôle sur tout cela, dans la mesure du possible. Il faut que le corps médical accepte la reconnaissance du rôle que les malades jouent dans les choix qui concernent leur santé, accepter que  le patient devienne le partenaire d’une décision partagée. 

2016, des litres de poison ont voyagé dans mon organisme, afin de contrecarrer les mauvaises intentions de mon colocataire. A ce jour, il est confiné dans sa cage. Extérieurement, quelqu'un qui me découvre aujourd'hui ne verra rien, cette maladie est invisible à ce stade.

Pourtant il est bien là. Les douleurs liées aux métastases sont bien présentes. Les effets indésirables des chimios et de la radiothérapie aussi. La fatigue ne me permet pas de faire tout ce que je désire. Je surveille mon alimentation pour éviter au maximum les problèmes digestifs et de transit. Les nuits sont perturbées ... Mais le bilan est globalement positif, et surtout, je suis toujours là, bien vivant!

2016, j'allais oublier, découverte d'un nouveau moi, physiquement parlant! Plus de cheveux, puis une repousse assez vigoureuse, mais blanc comme neige! un nouveau look, une nouvelle garde-robe ... pas pour le plaisir, mais parce que janvier égale 68 kilos, décembre égale 84 kilos!ce n'est pas que la faute aux crêpes!

L'envie de m'évader, de voyager a été l'occasion de me lancer dans l'aménagement d'un van, et au passage de créer un nouveau blog qui lui est partiellement consacré. Ce défi met à mal mon corps, m'obligeant souvent à dépasser mes limites. Je considère que c'est mon activité sportive, puisqu'il est préconisé de faire de l'exercice!

Régulièrement de nouveaux lecteurs apparaissent sur le blog. Les messages d'encouragement me motivent à continuer à écrire. Si au début, j'écrivais surtout pour moi, aujourd'hui, c'est aussi pour vous que je le fais. Ce qui m'encourage, c'est toutes ces personnes qui me disent ressentir les mêmes choses, mais ne pas savoir l'exprimer. Toutes ces personnes qui se retrouvent dans mes écrits, et qui trouvent du réconfort au travers de mes mots. Alors si je peux vous amener un peu de bien-être, c'est que le blog remplit son office et que j'ai atteint une partie de mon but.

L'année se termine. Je vous retrouve l'année prochaine. Je vous souhaite le meilleur pour 2017 et vous remercie de me suivre, de vos encouragements et commentaires qui sont toujours un plaisir à lire.