l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

31 mars 2016

Première séance de radiothérapie



Bordeaux nord.36 séances de radiothérapie au menu. C'est un peu à reculons que je me présente à la clinique. Le voyage fut agréable, mon chauffeur de taxi étant sympathique et bavard, le trajet m'a paru plus court que d'habitude. Je suis en avance, la salle d'attente est quasiment vide , mais un bruit infernal couvre les voix, même ma voix intérieure a du mal à se manifester. La clinique est en restructuration, à l'étage supérieur, un marteau piqueur donne le rythme. Comment font ils pour travailler dans un tel vacarme! Vingt minutes plus tard, je suis convié à pénétrer dans le vestiaire pour me mettre en tenue réglementaire.

29 mars 2016

maladie et Conscience




J'ai passé des années à étudier des sujets complexes, mais j'ai toujours préféré ignorer mon propre corps , ne pas savoir ce qui, à l’intérieur, ne tournai pas rond. Ou plutôt avoir peur de savoir. Lorsque nous avons peur de la maladie, nous passons une partie de notre vie à se tenir loin de soi, quitte à devenir étranger à soi-même. Nous habitons en permanence ce corps qui est le notre, mais nous l’avons peu exploré et écouté, quand il se rebelle, c'est un choc, mais qu'une demi-surprise. Nous y avons notre part de responsabilité.

28 mars 2016

chimiothérapie, le doute



Cela fait quelques jours que je me suis éloigné du blog, car la chimiothérapie, c’est extrêmement fatigant. Chaque jour l'on se motive pour s'arracher de son lit que la nuit se soit passée sereinement, ou pas. Il y a une sorte de nécessité, pour ne pas dire d'obligation, de se prendre en charge. Exprimer ses sentiments, partager, réfléchir, sur la maladie, sur soi même.

25 mars 2016

Accélérateur et radiothérapie




 


Aujourd'hui, je vais vous présenter mon nouvel ami l’accélérateur. ( sur la photo) . Utilisé en radiothérapie.
Pour moi accélérateur est synonyme d'adrénaline quand je suis au guidon de ma moto ( au volant  de mes fourgons je suis plutôt du type" low rider"!) Dans le cas présent, point d'adrénaline, nous rentrons dans une autre dimension, celle du rayon tueur de cellules malignes.

24 mars 2016

Chimiothérapie, la quatrième.



Il est 6h30, le réveil sonne le top départ pour le nouveau protocole de soins. La nouvelle série de chimio et le début de la radiothérapie. La nuit fut difficile, mon abcès dentaire m'a parasité. Il s'est percé et partiellement vidé, ce qui me soulage un peu au niveau de la douleur.
Il faut dire que la journée d'hier fut une journée vide.

22 mars 2016

Moral a tout prix



 Matinée occupée. Je dois aller faire mon bilan pour la chimio de jeudi, ensuite j’ai rendez-vous chez mon médecin pour renouveler quelques-uns de mes toxiques. Donc, lever à 7 h 30. Dès le réveil, je perçois que quelque chose ne va pas. Une gène au niveau du visage, côté gauche. Palpation qui me renvoie une douleur et dénote la présence d’une boule sous la peau. Je file vers le miroir et me retrouve face à ... Quasimodo!

21 mars 2016

Alchimiste



Mon cancer est la seule entité vivante sur laquelle je peux me permettre de marcher, pour sortir de cet univers carcéral dans lequel il essaye de m'enfermer. Chaque jour je le piétine et j'en suis fier. Cette maladie ouvre la sensibilité à tout ce qui nous entoure. Cette sensibilité que le temps, le tourbillon de la vie a émoussée en chacun de nous.

20 mars 2016

Printemps



Je suis sur la terrasse. Face à moi, le soleil perce au travers des arbres. Un soleil rouge, magnifique. Les oiseaux gazouillent, le printemps, c'est demain! Les rayons réchauffent mon corps, l'intensité de l'astre croit au fur et à mesure qu'il dépasse la cime des arbres. Je me sens bien. Je ferme les yeux pour profiter pleinement de cet instant.

18 mars 2016

Douce nuit



Superbe nuit! Je me suis réveillé à huit heures. Cela faisait longtime  que le sommeil était perturbé, au moins pour cette nuit, c'est bonus. Seul bémol, j'ai le visage gonflé. Encore un nouveau moi devant la glace. De plus j'ai une douleur dentaire, au niveau d'une couronne, ce n'est pas bon signe. Vais je devoir courir chez un dentiste? En fait, nous ne sommes jamais tranquilles, chaque jour amène son lot de désagréments. Pour couronner le tout, c'est le cas de dire, j'ai invité une infirmière pour la traditionnelle injection de décapeptyl. Encore un petit trou dans mon anatomie! Je ne suis pas particulièrement douillet, mais certains jours cela commence à me peser. J'espère avoir le courage cette semaine de me pencher sur la vente de ma moto, car j'ai un projet qui me titille, encore plus depuis hier. Vu que je ne peux plus piloter un deux roue à cause des problèmes de poids, je vais me tourner vers un tricycle. Pas celui avec des pédales , mais avec 120 chevaux sous la croupe, pour assouvir ma soif d'adrénaline! Stable, avec une marche arrière, donc pas de problème de poids ou d'équilibre. Il me reste à trouver le monstre, qui, d'origine canadienne, n'est pas bien représenté dans la région. Avec cela je vais pouvoir secouer mon colocataire et continuer à l'éjecter! Les projets, il y a trois mois, cela ne faisait plus partie de mon vocabulaire, mais mon champ de vision vient de s'élargir un peu, alors autant en profiter, car la suite est encore floue. Vivre différemment, mais vivre!

17 mars 2016

Sur la route



 Juliette m'a souvent menée en bateau, alors je l'ai remplacée par tomtom. C'est bien de mon GPS que je parle, mon allié pour naviguer dans Bordeaux, ville que je ne maitrise pas, car en perpétuelle mutation. Tomtom, une fois de plus, me fait traverser les quartiers riches de la ville et me dirige vers les immeubles qui jouxtent la clinique Bordeaux nord. Il est mercredi, c'est avec une heure d'avance que nous arrivons à la clinique. Pour une fois nous trouvons une place à proximité, non payante. Il faut dire que le parking de la clinique n'est pas donné, et quand l'on cumule le péage de l'autoroute plus le parking, au fil du temps cela commence à faire des sommes confortables, mais ce sont  les règles du jeu, une infime partie du prix à payer pour sauver sa vie.

14 mars 2016

Top départ



Nous y sommes, la semaine tant redoutée commence. Matinée labo! Beaucoup de monde ce matin dans la salle d'attente, impossible de s'assoir. Je regarde courir celle qui va être en charge de mon bilan. Elle est seule devant une kyrielle de patients plus ou moins ... impatients. Il ya ceux qui sont plongés dans les entrailles de leur portable. Ceux qui semblent s'intéresser aux revues. D'autres qui soufflent, assez fort pour que l'on comprenne leur impatience. Il y a aussi cette mamie qui rentre et sort, qui râle, essaye de gagner une place, importune la secrétaire qui croule sous les appels téléphoniques et la paperasserie . Il y a moi, qui observe tout ce manège.

 Nous sommes tous là pour la même chose, regarder cette petite aiguille pénétrer notre veine, et attendre de bonnes nouvelles ou pas. Attendre une heure ou deux, quelle importance. C'est pour notre capital santé que nous attendons. La laborantine enchaine les bilans, et soudain un cri retentit. La secrétaire se précipite dans le labo. À force de courir, l'accident est arrivé, cette pauvre dame s'est coincé les doigts dans la centrifugeuse! Plus de peur que de mal, elle va reprendre son travail, avec un doigt enrobé d'un pansement.

 C'est mon tour. Le temps de la préparation, nous échangeons sur ses conditions de travail. Elle est seule pour tout assurer, et aujourd'hui, c'est le coup de feu. Manque de personnel, un arrêt maladie, et la voilà qui se démène afin de tout assurer pour satisfaire les patients. Bravo. Malgré son doigt enturbanné, c'est avec dextérité qu'elle va effectuer le prélèvement. Je lui souhaite bon courage et regagne ma campagne. Que ce soit dans les labos ou les hôpitaux, c'est toujours à flux tendu, alors soyons conciliants, toutes ces personnes œuvrent pour nous dans des conditions et rythmes difficiles, et cela est indépendant de leur volonté, il faut regarder du côté de la politique de santé de ces dernières années pour comprendre. La logique comptable est maitre du jeu, l'humain, lui, n'a plus sa place dans ce système. 

Les résultats viennent de tomber dans ma boite mail. Les PSA continuent de chuter, bien. La formule sanguine continue à se modifier, traitement oblige, ce n'est pas dans le meilleur sens, mais elle le fait en douceur, c'est encore correct. Prochaine étape mercredi, j'essaye de rester zen, mais cela me tracasse l'intestin! J'absorbe les ondes positives qu'il y a autour de moi ( merci j. Marc!) et j'avance sur ce chemin miné, lentement, mais avec détermination. La suite du feuilleton peut être mercredi soir si je trouve le temps et l'énergie, sinon jeudi dans la journée je reprendrai ma narration.

13 mars 2016

Attendre



Il est dimanche, la maison est encore endormie, moi je traine déjà depuis un moment, seul avec mon café. Je regarde le soleil se lever, je savoure cet instant. Dehors, tout est gelé, mais je sors sur la terrasse. La nature s'éveille, tous les sons et les odeurs qui emplissent l'atmosphère flattent mes sens en éveil. La semaine qui s'annonce va me ramener à la réalité, ma réalité. J'ai des difficultés à mettre mon esprit en veilleuse. Malgré mes sourires, mes angoisses commencent à prendre le dessus. Le temps me parait interminable, la peur rode autour de moi, je sais que c'est toxique alors j'essaye de m'occuper au maximum. Cette boulimie d'activité n'est pas naturelle, en fait je ne peux pas vraiment profiter de l'instant présent. Cette dernière semaine, j'avais presque oublié la maladie, les petits désagréments qu'elle engendre au quotidien passant au second plan. Demain matin, je vais retrouver le labo pour un nouveau contrôle,  mercredi le scanner et ensuite l'inconnu. Ma vision de l'avenir s'arrête là. C'est à compter de ce jour que je vais pouvoir me projeter un peu plus loin... de saut de puce en saut de puce.

11 mars 2016

À part ça, ça va



Bonjour toi! Ce sont mes premiers mots, chaque matin. Saluer mon autre moi est devenu un rituel. Je me retourne et quitte le miroir. Devant moi, la balance trépigne d'impatience pour m'annoncer le poids du jour. 74 kilos huit cent! Ouaaah! Le chiffre augmente en permanence. Pourtant plus de compléments alimentaires depuis un mois. Je mange beaucoup plus qu'avant, mais quand même... Mais il y a aussi les corticoïdes injectés lors de chaque chimio, et l'hormonothérapie avalée deux fois par jour. Tout cela doit influer. Je commence à imaginer que dans quelques mois, le bonjour lancé au miroir va me renvoyer l'image d'un clone de Depardieu!  Salut Gérard!

9 mars 2016

Blogueur

C'est dans le silence, au moment ou l'aube se lève, que je met en forme mes idées jetées sur un brouillon parfois la veille ou les jours précédents. C'est un moment qui m'est propice à la réflexion. Quand mes écrits atterrissent sur le blog, une question se pose . Qui va lire ce blog? pourquoi? Mes amis bien sur, mais aussi des étrangers, de tout pays. Des gens de toute religion, de toute condition sociale, qui sont touchés de prés ou de loin par cette maladie, mais aussi des biens portants sensibilisés à cette cause. Il est difficile de connaitre les motivations de chacun, seuls les commentaires vous donnent une piste, mais ils sont rares. Pourquoi? Parce qu'il n'y a rien à dire?, par pudeur peut être, ou ... je ne sais pas.

7 mars 2016

Tourner la page



Voilà, il a changé de propriétaire. Une page est tournée, il fait désormais partie des souvenirs.
Je ne pensais pas devoir m'en séparer dans ces conditions. Pour la première fois de ma vie d'adulte, je me trouve sans véhicule aménagé. Depuis 1978, j'ai toujours eu un fourgon pour tailler la route en toute liberté. Celui-ci était devenu trop grand pour deux personnes, mais surtout, il était trop délicat pour moi de conduire cet engin, sans risque vu mon niveau de fatigue et les douleurs qui me gênent pour passer les vitesses. Je souhaite qu'il procure à son nouveau propriétaire autant de bonheur qu'il m'en a procuré. Pour l'instant pas de projet. J'aviserai si mon colocataire recule et me redonne un peu de liberté. J'ai versé ma petite larme, je regarde vers demain.
Pour les mêmes raisons, je vais me séparer de ma moto. Deuxième page à tourner. Adieu les montées d'adrénaline! Mais là aussi je ne désespère pas, je vais juste attendre. Tout ceci n'est que du matériel me direz-vous. C'est exact, mais je suis un sentimental! et surtout très attaché a la notion de liberté. Mon hôte m'en vole un peu plus chaque jour. J'éprouve de la haine envers lui! mais il me reste encore le principal... la vie et je compte toujours la défendre, jusqu'au bout! Les images des sommets, au petit matin, resteront à jamais gravées dans mon cerveau. Celles-là, il ne va pas me les voler et un jour de nouveaux sommets remplaceront les images de salles d'attente et de cathéters branchés sur mes veines. 
C'est sur cette image de mon dernier voyage en sa compagnie, à sixt fer à cheval dans la vallée du Giffre en Haute Savoie que je vous quitte pour aujourd'hui.