l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

5 mars 2017

Septième chimiothérapie





Je pousse la porte de la salle Pomerol, traînant avec moi mon appareillage. Dans un instant va commencer ma septième chimiothérapie ...

Il n’est pas facile de faire face à l’incertitude, pourtant, je suis là, serein, à regarder les gouttes de ce poison descendre vers ma veine. Je sens le produit parcourir mon corps et je l'imagine comme une armée détruisant tout sur son passage, le bon comme le mauvais. A moi de lutter pour supporter ce cataclysme et me relever des ruines après son passage.

C'est en cela que nous sommes des guerriers. Ce n'est pas nous qui dirigeons les troupes, mais l'oncologue. Notre rôle est de combattre pour tenir bon, ne pas quitter le terrain, sortir des décombres et relever le défi du prochain combat. On peut renaître de ses cendres et se réinventer, il y a une vie... après

Le corps va conserver les stigmates du combat. L'esprit est fortement ébranlé. J'ai le sentiment d'avoir une nouvelle identité, car mon rapport à la vie à radicalement changé, tout comme le rapport à moi même. Doit je pour autant revêtir les oripeaux du cancéreux et succomber au syndrome de Damoclès? m’enfoncer dans un chemin creux et partir sans laisser d’adresse?

Bien sûr que non ! car chaque événement du quotidien a quelque chose à nous apprendre, toute expérience heureuse ou douloureuse est porteuse d'enseignement. Aujourd'hui, je n’ai plus peur, je suis debout, cette septième chimio est une épreuve supplémentaire, mais il y a toujours la place pour l'espérance.

Le branchement de la perfusion s'est avérée délicate, comme à chaque fois. L'infirmière experte a trouvé le passage au niveau de mon poignet. La peau s'y est avérée plus difficile à percer, donc l'acte a été plus douloureux, mais qu'importe, c'est le résultat qui compte. J'ai la peau dure, et je suis un dur à cuire!

Le lendemain de chimio est redouté. Jusque là, je n'ai pas eu à me plaindre. Les effets secondaires se sont montrés modérés. Ce matin, ce n'est pas la même chanson. Je me lève le cœur au bord des lèvres. C'est la première fois que je suis sujet aux nausées. Cela va rester à ce stade, tout au long de la matinée.

Puis la fatigue me terrasse. Deux heures d'un sommeil profond, qui est arrivé sans prévenir! ce besoin incoercible de dormir. Le reste de la journée est passée dans un état second. Dès huit heures, le lit m'appelle, et je succombe à sa demande.

Ce matin est plus tranquille, c'est ce qui me permet d'écrire cet article. Seules des céphalées persistantes me rappellent que je sors du service d'oncologie, et que l'on n'y soigne pas des ongles incarnés!

Mes derniers mots s'adressent à mon cancer, cette pauvre tache! c'est comme cela que l'on vous le présente la première fois " vous voyez cette tache sur la radio?"

Mon cher cancer, je te qualifie souvent de colocataire indélicat, ce n'est pas seulement parce que tu ne payes pas les impôts locaux, mais plutôt, car tu t'incrustes dans mes pensées et mon corps, que tu es un type infréquentable qui me pourrit la vie. Tu es sournois, tu avances masqué, tu es difficile à débusquer. Toujours prêt à bondir, à m'envahir.

Je te fais trop d'honneur en te consacrant ce blog, mais cela me permet de te dire que mon seul but est de te débusquer et te mettre hors d'état de nuire et récupérer mon corps! même si ce combat n'est pas équitable. Allez, dans vingt 21 jours, je t'invite à reprendre un verre avec moi. Tu a goûté au Pomerol cette semaine, il paraît qu'ils ont aussi du Sauternes!


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