l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

15 nov. 2017

Quand le staff est en désaccord




Depuis le jour ou j’ai mis le pied dans le cabinet médical, il ya maintenant deux ans, la relation que j’entretiens avec mon colocataire a tourné en une guerre totale. Nos ébats auraient pu déboucher sur une histoire sérieuse, durable, appelée rémission, mais le cancer est comme une femme fatale, au baiser mortel, auquel il est difficile de ne pas succomber.

De salle d’attente en salle d’attente, de bilans en bilans, de chimios en chimios, me voici sur un nouveau chemin. Face à moi se tient le radiologue interventionnel !

Derrière ce terme bizarre se trouve un homme à l’abord sympathique, ce qui n’est pas pour me déplaire, au langage clair et direct.

Le débit verbal est rapide, il n’a pas de temps a perdre en fioritures. Mon cas est compliqué, le staff n’a pas trouvé d’accord sur la marche à suivre, la discussion est encore ouverte.

Vous imaginez bien ma déception ! Je venais chercher des réponses, et voilà que l’on m’explique que je vais repartir sans et devoir encore attendre au moins une semaine.

Il se lance dans l’explication de texte. Tout d’abord, il a besoin de précisions sur cancer originel. Il pense qu’une biopsie de foie peut être nécessaire, la tumeur pouvant avoir une autre origine, vu que tout a répondu au traitement sauf celle-ci. Mais cela est encore en débat.

La suite de la discussion porte sur la chimio-embolisation et l’embolisation portale.

Le foie est le viscère le plus volumineux de l’organisme et par conséquent un des plus vascularisé. Le foie se divise en quatre lobes, tous divisés en segments (huit segments au total). Le lobe hépatique droit est le plus volumineux, et c’est celui qui pose problème.

La chimio-embolisation consiste à utiliser l’artère hépatique pour conduire la chimio directement dans la tumeur. Cette méthode n’a pas ses faveurs.

Cette manœuvre comporte des risques, est délicate à réaliser, n’a pas prouvé son efficacité sur des tumeurs liées à un cancer de la prostate, risque de m’affaiblir considérablement, rendant la suite des opérations délicate et dangereuse pour moi. De plus, il ne pense pas pouvoir réduire la taille de la tumeur de cette façon. Celle-ci ayant voulu grandir trop vite, n’a pas trouvé assez de nourriture, et c’est donc nécrosé volontairement en son centre afin de continuer son expansion. Donc, cette partie morte ne va pas diminuer, et le reste, en périphérie va bien le faire, mais très peu par rapport au résultat attendu.

L’embolisation portale. On attaque le problème en passant par la veine porte au lieu de l’artère hépatique. Là, il est question d’injecter une colle dans la veine, afin de boucher celle-ci, et de priver la tumeur de son alimentation. L’avantage ? Technique éprouvée, ayant de bons résultats. Pas de fatigue intense, donc pas d’affaiblissement de l’état général. Ce qui est important dans mon cas vu que par la suite il doit y avoir une lourde intervention.

Pourquoi le staff est encore en délibération ? Tout d’abord, il y a la réglementation. Certaines interventions ne sont pas autorisées en France, car ils estiment que le résultat n’est pas à la hauteur des attentes. Une partie du staff ne veut pas sortir des préconisations, une autre est prête a prendre des risques en se plaçant hors des clous, comme l’a fait l’oncologue dans la première partie de ma prise en charge.

La deuxième raison est que le radiologue est persuadé qu’il faut enlever le lobe droit dans son intégralité, car, quelle que soit la méthode employée, la tumeur ne va pas diminuer, et il est impossible de sauver cette partie du foie.

Ceci ravive mes souvenirs. Cela fait deux ans que je cherche à savoir pourquoi l’on ne s’occupe pas plus sérieusement de mon foie, car je sens bien les problèmes liés à son dysfonctionnement et cette douleur qui m’accompagne. La réponse a toujours été que la chimio agissait sur les métastases. Oui, bien sûr, mais cette « big méta », pourquoi elle ne réagit pas ? 

Réponse par une deuxième ligne de chimio, puis un changement de produit sans succès. C’est là que l’on revient à la première question, est elle de la même origine ? Peut être qu’un prélèvement va répondre à cela, mais il est déjà trop tard pour mon lobe droit !

Fort de tous ces éléments, je quitte le radiologue, avec la promesse d’avoir une réponse dans la semaine, sous forme de résultats de la discussion, assorti d’une convocation pour la première intervention.

Et après ? Un mois après la première opération, quelle que soit la piste choisie, batterie d’examens, entre-temps, il est question de faire gonfler la partie gauche du foie, pour qu’elle assure le travail de tout le monde. C’est comme au boulot ! réduction des effectifs, mais il faut faire le même travail, voire plus !

Une fois que le foie sera bien gras, ma foi, il ne reste qu’à procéder à l’ablation du lobe droit.
Cette opération va sûrement se réaliser courant janvier. Cela va me laisser un peu de temps pour manger du foie gras durant les fêtes, car après...

L’opération va donc me priver du lobe droit, le gauche assurant tout le travail, mais la question est, que va-t-il se passer vu que ma prostate continue à flamber et à distribuer ses billes empoisonnées dans tout mon corps ?

La réponse est sans équivoque. Des métastases vont s’installer, proliférer, grossir... Mais, il ne faut pas que je m’inquiète, monsieur, nous ferons de la radiothérapie !

Il n’y a pas de doute, je suis complètement rassuré ! Au secours !!!

Je quitte la clinique, étrangement serein. Gagner du temps, encore et encore... oui, mais pourquoi ? L’issue du combat est déjà écrite... Cancer 1/Didier 0

Mais je suis serein, comment expliquer cela ? La résignation ? non. La lassitude ? Peut-être. La lucidité ? Sûrement...

Je vais continuer à me battre, c’est sur. Quand le bout du chemin va se présenter, je reprendrais mon destin en main... La fin m’appartiendra.

Je ne suis pas optimiste ni pessimiste, simplement... lucide.

Alors que je termine ce post, le jour s’est levé, une fois encore. Même si le cœur n’y est pas, je vais profiter de cette journée, et des suivantes, du mieux que je peux. Parfois mon regard se trouble, puis je me ressaisis, car le combat continu...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Ecrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante Commentaire
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL
3) Vous pouvez, utiliser le formulaire de contact, être assuré d'être avisé en cas d'une réponse
4) Cliquer sur Publier enfin.